Il
y a quelque temps, j’ai assisté à la représentation de « Tristan et
Isolde » de Richard Wagner. Je connais l’œuvre depuis une soixantaine
d’année, je l’ai vue ne nombreuses fois, j’en ai une vingtaine d’enregistrement
et je ne me lasse pas de cette composition unique dans l’histoire de la
musique. Et je ne dois pas être le seul, parce que la salle était pleine à
craquer à chacune des représentations. Cette dernière fois, en raison de
l’exceptionnelle qualité de la totalité des acteurs – chanteurs, musiciens et
techniciens -, le public a acclamé debout, un bon quart d’heure, les
protagonistes de la soirée. Ce fut un grand moment de joie et de bonheur
partagés. Et quand je suis sorti du théâtre, la foule d’un soir s’est
rapidement dispersée dans le calme et sans cris hystériques, dans le métro et
dans les rues adjacentes à la rue principale. En quelques minutes la ville
avait retrouvé son visage coutumier. Je pense que les spectateurs de Tristan
avaient compris que le partage de ce spectacle envoutant ne pouvait se faire
qu’à l’intérieur de la salle, parce que personne n’aurait compris qu’on vienne
faire du chahut sous ses fenêtres parce qu’on a aimé un spectacle d’un autre
âge qui pourtant a des siècles d’avance sur l’insipidité des jeux du cirque
qu’on nous impose en ce moment.
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