anniversaire • le ténor italien, carlo bergonzi, nous a quittés il y a 4 ans aujourd’hui


Dans le panorama des ténors italiens de la deuxième moitié du XXe siècle, Carlo Bergonzi occupe une place à part. Il ne possédait ni le cocktail détonant de prestance physique et d’arrogance vocale de Mario Del Monaco et Franco Corelli, ni le charisme de Giuseppe Di Stefano, ni le timbre ensoleillé de Luciano Pavarotti. Et pourtant, de la Scala de Milan au Metropolitan Opera de New York (plus de trois cents représentations, concerts et galas, en quarante années de présence !), en passant par le Covent Garden de Londres et les studios d’enregistrement, tous ont dû partager leur trône avec lui. Pourquoi ? Parce que, à l’instar de Tito Schipa avant-guerre, Bergonzi était de ces chanteurs qui ont su opérer des miracles avec des moyens n’ayant, au départ, rien d’exceptionnel. Le timbre, sans être laid, n’était pas spécifiquement rayonnant et la puissance, notamment dans l’aigu, n’avait rien de comparable avec celle d’un Corelli ; l’artiste, qui avait commencé sa carrière en baryton, en était parfaitement conscient et, dès ses débuts en tant que ténor, en 1951, il avait appris comment jouer d’autres atouts. La voix, en revanche, était extrêmement bien projetée, ce qui lui permettait de passer la rampe sans problème dans de vastes espaces de plein air, avec le soutien d’une diction d’une netteté admirable et d’une technique exemplaire, en particulier dans le contrôle du souffle, le mélange des registres et la science des trilles – Bergonzi est l’un des rares Manrico à respecter ceux de « Ah ! si, ben mio » dans Il trovatore. Respectueux des indications du compositeur, attentif à la moindre nuance, et s’appuyant toujours sur une étude approfondie des partitions davantage que sur son instinct ou ses émotions, il témoignait d’une rigueur stylistique absolue, au risque de paraître ennuyeux aux oreilles de certains. Acteur indifférent, pour ne pas dire gauche, il se reposait entièrement sur sa voix pour construire ses personnages, en réussissant, à chaque fois, à les différencier. Chanteur du passé pour ses détracteurs, à une époque où les exigences du jeu commençaient à devenir essentielles sur les scènes lyriques, Bergonzi n’était pas un adepte de l’urgence dans l’accent, ni de la fièvre dans les épanchements d’amour ou de haine. Pour être tenue sous contrôle, son expression n’en possédait pas moins une singulière force de conviction…


Le 25 juillet 2014, il y a 4 ans aujourd’hui, le ténor italien, Carlo Bergonzi, nous quittait. Il était âgé de 90 ans…


Carlo Bergonzi sings Radames' first act aria from Verdi's Aida.
Tokyo, 1973.

La boheme, Act I: Che gelida manina  
Carlo Bergonzi, ténor

Carlo Bergonzi - Verdi Luisa Miller 1996 Metropolitan

(probablement son dernier concert)





et aussi…

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