D’un conte de fée sorti de la Chine
ancestrale - pour adultes avertis comme tous les contes de fée -, l’opéra de
Lyon, une fois encore dans les vertiges des sommets de la pensée libre et
indépendante, a métamorphosé les consciences et leur demandant de regarder
ailleurs, dans l’inconscient freudien rejeté par tous, qui pourtant, évidemment
et sûrement, est le moteur de chacun de nos actes. J’ai vu, sur la scène du théâtre,
notre monde, celui de l’injustice régnante à chaque étage, de l’injustice la
plus humiliante, celle que les peuples admirent parce que chacun de leur sujet
espère être un jour à la place du bourreau et faire subir a ses semblables ce
que le monde des hommes lui fait subir au quotidien. Haitang, l’héroïne, issue
des milieux sans espoir, qui se bat et cède en alternance – sa démission devant
l’horreur du pouvoir légal et illégal, ce qui revient au même, est sans doute
sa force – sera vendue par sa mère à une maison de plaisirs, rachetée et violée par le riche Monsieur Ma,
enceinte de son maître, jalousée par la première épouse qui la fera accuser du
meurtre de son tyran et de l’enlèvement de son enfant que la première dame veut
s’approprier. Condamnée à mort puis graciée en raison de la mort subite de
l’empereur, répudier par la foule – le peuple – elle va enfin être vengée par
le nouveau maître de la Chine, en personne, qui la convaincra qu’il est l’homme
qu’elle a vu en rêve le soir de ses « noces » et qui lui a fait un bébé.
Le miracle viendra d’un jugement
particulier, une sorte de jugement de Salomon, où les deux femmes qui se
disputent l’enfant, seront placées au centre d’un cercle de craie tracé au sol
et devront tirer, chacune de leur côté l’enfant, par le bras, hors de cet
anneau wagnérien, pour en faire leur progéniture. Haitang ne peut et ne veut
faire de mal à son enfant en lui arrachant le bras. Aussi renonce-t-elle à son
bien. L’empereur décrète alors qu’elle est la mère de c'est enfant qu’elle aime,
déjoue le complot contre elle et s’affirme le père puisqu’il était l’homme du
rêve.
La réussite totale du spectacle, d’une
unité incomparable, d’une beauté visuelle splendide, d’un chatoiement sonore
envoutant, la direction simple et efficace de Lothar Koenigs, la mise en scène
stupéfiante de Richard Brunel, l’engagement musical est physique de tous les
chanteurs, ont encore placé l’Opéra de Lyon en tête des théâtres lyriques de
tous poils et de tous bords.
J’ai vu l’Anneau du nain. J’ai vu la forêt qui cache l’autre monde de Lynch. J’ai vu le cheval blanc longer lentement la lisère comme je l’ai vu dans la chambre de Twin Peaks. Je suis entré dans l’inconscient que les gens sans pensées n’osent pas imaginer. La véritable souffrance est de revenir à la destruction douloureuse de tous les jours où les vermisseaux grouillent alors qu’ils en ignorent les raisons…
J’ai vu l’Anneau du nain. J’ai vu la forêt qui cache l’autre monde de Lynch. J’ai vu le cheval blanc longer lentement la lisère comme je l’ai vu dans la chambre de Twin Peaks. Je suis entré dans l’inconscient que les gens sans pensées n’osent pas imaginer. La véritable souffrance est de revenir à la destruction douloureuse de tous les jours où les vermisseaux grouillent alors qu’ils en ignorent les raisons…
Représentation du jeudi 1e février 2018 à 20h
Mise en scène : Richard Brunel.
Décors : Anouk Dell’Aiera. Costumes : Benjamin Moreau.
Lumières : Christian Pinaud. Dramaturgie : Catherine Ailloud-Nicolas.
Vidéo : Fabienne Gras. Avec : Lauri Vasar, Tschang-Ling ; Martin
Winkler, Herr Ma ; Nicola Beller Carbone, Yü-Pei ; Ilse Eerens,
Haitang ; Stephan Rügamer, Prinz Pao ; Stefan Kurt, Tschu-Tschu.
Orchestre, Maîtrise et Studio de l’Opéra de Lyon, direction : Lothar
Koenigs.
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